Dutilleux Mélodies
Dutilleux Mélodies
Henri Dutilleux est certainement un compositeur singulier : son oeuvre n’est dépendante d’aucune école, et le petit nombre des opus la composant en fait un joyau rare. En cela il appartient à une glorieuse lignée qui va de Rameau à Messiaen, en passant par Berlioz et Ravel. Les titres qu’il a donnés à ses oeuvres semblent perpétuer la tradition baudelairienne des titres de Debussy : Tout un monde lointain, Ainsi la nuit … On comprend ainsi que la poésie était une de ses passions. Si ses dernières oeuvres utilisent la voix et l’orchestre (Correspondances, Le temps, L’horloge), et ont bénéficié d’interprétations prestigieuses et d’enregistrements acclamés, ses mélodies chant-piano, peu nombreuses, sont rarement chantées. Et pourtant elles sont au coeur de l’élaboration personnelle du style unique du compositeur : La plupart furent écrites pendant sa jeunesse, et l’écriture en est résolument tonale. Dutilleux s’inscrit dans la lignée de Fauré et Ravel, un double patronage de choix pour qui compose des mélodies ; soin de la prosodie, tessiture médiane, clarté du discours, richesse harmonique, tout Dutilleux s’y trouve ! Les poésies mises en musique sont rares, et proviennent de tous les horizons : Le passé lointain (Ronsard, Pernette du Guillet), les grands noms (Paul Fort), les personnalités directement connues du compositeur (Paul Gilson, Jean Cassou, Jean Gandrey-Réty)… Et également des raretés quasi exclusives de contemporains (André Bellessort, Edmond Borsent, Raymond Genty). Pour la première fois, elles sont toutes rassemblées en un enregistrement, et comprennent les inédits qui étaient la propriété du fameux Charles Panzéra, le créateur de L’Horizon chimérique, dernière grande composition vocale de Fauré.
François Le Roux